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Les quatre tours : Chapitre II : Europa 1’543’735. Javier.
-Encore une journée de merde à surveiller les bourgeois, se dit Javier Ayrs.
Son réveil venait à peine de sonner qu’il était déjà blasé. De plus, il se réveillait avec un mal de tête digne d’un lendemain de fête. Alors que, à moins que ses souvenirs ne l’aient trahis, il n’avait rien fait de spécial.
Il sorti du lit, entièrement nu, et se frotta l’arrière du crâne. Il avait désormais mal comme si il s’était fait assommer. Il se souvenait pourtant très bien de la veille au soir. Il était rentré directement après le travail, avait mangé sa ration du soir de savon avant de se coucher, éreinté.
Le savon était cette espèce de bouillie infâme qu’ils essayaient de faire passer pour de la nourriture. Ils n’avaient de toute façon pas le choix, il n’y avait que ça à manger.
Dehors, les machines travaillaient les champs pour extraire toutes sortes de choses qui étaient converties en savon, purée nutritive bourrée de vitamines et de pleins de trucs bien pour la santé.
Évidemment, là où Javier travaillait, c’était différent.
En tant qu’agent de sécurité, il faisait partie des classes moyennes, ce qui expliquait qu’il vivait au milieu de la tour. Mais il faisait partie des rares privilégiés à avoir le droit de prendre l’ascenseur, car son travail se situait au niveau 2’789’233. Il était agent de sécurité dans un bar où les cadres venaient se distraire après leur travail. Et parfois se mettaient sur la tronche. C’est là que son job commençait. Les séparer avec le plus de tact possible. Aux étages 2M, on n’en vient pas aux mains voyons !
Par contre on mangeait ! Car autant en-dessous de l’étage 2 millions on mangeait du savon, autant au-dessus c’était différent. Car les étages 2’500’000 à 2’501’000 étaient des champ. De verts pâturages, avec des animaux et des fermes. Entièrement destinés à produire de la nourriture pour les bourgeois du million d’étages supérieur. Pâtes, légumes, viandes… Tout comme avant l’époque des tours! Mais pour cela il fallait gagner de l’argent. Beaucoup d’argent. L’étage 2’501’001 recrutait à partir de 5 millions de crédits gagnés par mois. Ce que Javier ne gagnerait même pas en une vie.
Il avait parfois senti cette bonne odeur de viande, cela devait être du bœuf. Mais il ne pouvait pas y goûter.
Il se dirigea vers la salle de bains. Le miroir connecté qui occupait tout le mur du fond lui renvoyait une image de lui avec des propositions de vêtements pour la journée. Sans surprise, la suggestion était le costume de base de la compagnie de sécurité Europa.
-Miroir sans vêtements, dit-il.
Aussitôt il se vit nu dans le miroir, mais ses parties génitales restaient brouillées, charte de déontologie oblige.
Il se dit que cette charte ne servait à rien, puisqu’il était seul, désespérément célibataire à presque quarante ans. Cette fausse pudeur qui était imposée commençait à lui taper sur les nerfs.
Il entra dans la douche et posa sa main sur la paroi de verre. Celle-ci afficha : “Javier Ayrs, 3’578 crédits restants, cette douche vous coûtera 79 crédits. Continuer ?”
Il tapota la coche pour valider, et la paroi de douche afficha : “Une promotion est en cours pour 3 minutes d’eau à température agréable pour 15 crédits. Souhaitez-vous en bénéficier?”
Il fut tenté de valider, mais il devait faire des économies, aussi il tapota la croix rouge pour refuser l’offre. La paroi afficha alors “Europa vous souhaite une bonne douche”.
L’eau se mit à couler du plafond et Javier grimaça. Elle était encore plus froide que d’habitude. La paroi de douche quand à elle indiquait un décompte commençant à deux minutes et cinquante neuf secondes.
Il se tourna et se retourna plusieurs fois et prit de l’eau dans sa bouche jusqu’à ce que le compteur arrive à zéro. Il attendit quelques instants que les gouttes retombent, et recracha le contenu de sa bouche. L’eau était chargée de nanorobots qui nettoyaient tout au passage et s’évacuaient vers l’égout. Plus besoin de se frotter, de produits chimiques, de brosses à dents, de serviettes. Le “tout automatique“ poussé jusque dans l’intimité. Javier pouvait voir les gouttes ruisseler sur son corps et ce dernier redevenait sec aussi vite.
Même les toilettes n’étaient plus nécessaire: à chaque enfant, à la naissance, on injectait une dose de nanorobots. Ceux-ci s’installaient dans la vessie et l’intestin et construisaient une sorte de désintégrateur. Tout ce qui y passait était décomposé au niveau atomique et donc plus rien n’était à évacuer.
Il sortit de la cabine de douche déjà sec et retourna devant le miroir. Celui-ci lui proposa à nouveau le costume de la compagnie. En bas à gauche, une inscription indiquait “Costume standard sécurité Europa, 118 crédits par jour”.
-Miroir valider vêtements, dit-il.
Un tube sortit du miroir, passant à travers, tenant le costume sur un cintre. Javier le saisit. Le tube retourna d’où il venait et le miroir reprit sa forme initiale.
Javier s’habilla, enfonça le cintre vide dans le miroir qui l’absorba sans faire de manières, puis sortit de la salle de bains. Il traversa rapidement la pièce qui servait de chambre et entra dans la salle à manger. C’était une petite pièce entièrement blanche. Javier se dit qu’il devait la personnaliser depuis des années, mais n’en n’avait jamais eu ni le temps, ni les moyens.
Une petite table trônait au milieu de la pièce avec une unique chaise. En face, un grand écran affichait une vue extérieure. Des champs à perte de vue avec des machines roulantes, volantes, creusantes… Toutes qui s’affairaient, en direct, à cultiver et extraire des matières premières constituant le savon.
Javier se dirigea vers l’écran. Ce dernier ajouta du texte sur l’image.
Météo : le soleil artificiel s’allumera dans 12 minutes. La température actuelle à votre étage est de 21 degrés Celsius. Elle montera jusqu’à 33 degrés à 14 heures.
Finances : il vous reste 3’381 crédits.
Informations : le groupe Europa annonce la réhabilitation des étages 2’810’005 à 2’810’008 pour améliorer le cadre de vie dégradé des habitants suite à une fuite d’eau ayant entraînée une inondation de 4 millimètres. Les étages seront entièrement remis à neuf.
-Petit déjeuner, dit Javier.
L’affichage de l’écran changea pour indiquer que le petit déjeuner était un repas très important et qu’il lui coûterait 52 crédits. Javier accepta en tapotant l’écran sur la touche de validation. Aussitôt, une petite trappe s’ouvrit sous l’écran et un bol rempli de savon un peu sucré lui fût distribué, accompagné d’une petite cuillère.
Javier le saisit, et se dirigea vers la table. Il le déposa face à la chaise et s’assit. Il commença à manger la bouillie qui lui servait de petit déjeuner tout en regardant hypnotiquement les machines travailler la terre. Bien sûr, il pourrait regarder autre chose, il y avait plus de 30’000 chaînes de télévision, mais l’immense majorité était payantes. Et les chaînes gratuites ne diffusaient que des émission de télé shopping qui incitaient à la consommation.
Une alarme retentit et un voyant s’alluma en rouge sur sa cuillère. Sur l’écran, un texte l’informa qu’Il mangeait trop vite et n’avait pas posé sa cuillère entre deux bouchées. C’était mauvais pour la santé et empêchait le sentiment de satiété.
Il posa sa cuillère, qui reprit sa couleur originale. L’alarme s’arrêta et l’écran le remercia de sa coopération, avant de reprendre le cours normal de sa diffusion.
Quand il eut fini son repas, il se leva, remit son bol où il l’avait trouvé et la trappe se referma. Au final, il ne savait pas où partaient les affaires qu’il mettait dans cette trappe. Un bol le matin et une assiette le soir. Il ne s’était jamais posé la question. -
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Canary Bay : Chapitre II
Quand il ouvrit les yeux il était allongé. Il n’était plus dans son bateau. Il était dans un lit. Assez confortable d’ailleurs, mais sans draps. Il entendait au loin le son des vagues sur le sable. Au-dessus de lui, un plafond de bois foncé limitait la pièce à trois mètres environ. Il se redressa et s’aperçut qu’il était entièrement nu. Mais ce qui l’étonna le plus était le bandage autour de sa cuisse blessée. Il se leva et fut étonné de ne plus ressentir aucune douleur.
Les murs autour de lui étaient également en bois, mais plus clair. A l’exception d’un mur, qui était une baie vitrée avec vue sur la plage.
Cinquante mètres en contrebas, deux cents mètres devant, il vit le bateau qui l’avait amené. La coquille de noix de Jimmy.
Posé sur le sable fin, solidement attaché à ce qui ressemblait à une bite d’amarrage dépassant de la plage, au milieu de nulle part, le bateau attendait patiemment un occupant afin de repartir.
Il admira un instant la vue. Il semblait être sur un flanc de colline. Face à lui, la mer s’étendait à perte de vue. Sur la droite, la plage disparaissait rapidement pour laisser place à la mer, comme si la falaise où il était marquait la fin de la plage.
Sur la gauche, l’étendue de sable fin s’étendait au loin sur plusieurs kilomètres. La falaise, étrangement lisse, s’arrêtait lentement à quelques centaines de mètres, laissant place à une forêt verdoyante.
Paul détourna son regard de la plage et visita la pièce où il était.
Au milieu, un vaste lit trônait. Couvert de draps blancs immaculés, il était également fait de bois. Sur la droite du lit, une table de chevet était disposée, sans rien dessus. Paul s’en approcha et ouvrit l’unique porte dont elle disposait. Elle était vide.
Un bruit mat et sourd se fit entendre derrière lui. Il se retourna prestement et vit une commode le long du mur à gauche du lit. Elle n’était pas la avant. Quelque chose était posé dessus. Comment un objet pouvait apparaître si vite ?
Il s’approcha avec précaution et saisi le tas de tissus disposés sur la commode. C’était des vêtements. Un peu semblable à ceux qu’on pouvait voir dans les hôpitaux, mais visiblement plus confortables.
Il les enfila rapidement afin de cacher son anatomie. Puis il fut saisi d’un doute inquiétant. La salle ne comportait aucune porte.
Il passa la demie heure suivante a examiner la pièce sous toutes ses coutures, sans rien remarquer de spécial. Ni ouverture, ni décoration, motif ou ornement. Un vent de panique le saisit mais il se raisonna rapidement.
Dépité, il s’assit sur le lit et attendit. Le temps passa et il commençait sérieusement à s’ennuyer. Il commençait à avoir faim. Il ignorait depuis combien de temps il était là, et combien de temps il avait été inconscient. Il estimait que plus de huit heures s’étaient écoulées depuis son réveil, et se leva.
“ Y’a quelqu’un ”, demanda-t-il dans le vide.
Il regarda en l’air, puis vers la plage.
“ Eh ho, y’a quelqu’un ? Je ne sais pas où je suis et je commence sérieusement à avoir faim ! ”
Dehors, il constata que la lumière commençait à décliner. C’était le soir. Cela faisait donc au moins vingt quatre heures qu’il avait vu le bateau de Zhen s’écraser. S’écraser contre quoi d’ailleurs ? Les souvenirs lui revenaient. Comment avait-il pu oublier cette vision stupéfiante ? Le bois explosant à mesure que le bateau s’agglutinait sur un mur invisible…
Soudain il vit quelqu’un. Dehors.
Sur la plage, une jeune femme en maillot de bain blanc courait sur le long des vagues. Elle venait du côté droit et partais vers la gauche, là où la plage disparaît dans l’horizon, vers la forêt.
Sa longue chevelure d’un blond parfait remuait de droite à gauche au rythme de sa course.
“ Hey, s’écria-t-il. Hey, madame ! Madame ! ”
Il se rendit soudainement compte que ce qu’il faisait était stupide. Elle était à plus de cent mètres, derrière une vitre à l’épaisseur inconnue, et le bruit du ressac masquait les maigres chances qu’il avait d’être entendu.
Il la regarda s’éloigner, non sans insister lourdement sur ses fesses qui s’agitaient en rythme sur les pas cadencés de la course. Il s’aperçut qu’il ne pouvait retenir une érection, chose qui l’étonna, car il lui fallait généralement beaucoup plus que cela. Il mit ça sur le compte de la journée étrange qu’il vivait.
Quand elle fut hors de vue, il commençait à faire sombre. Paul se retourna et vit un plateau sur la commode. Il s’en approcha et vit qu’il s’agissait d’un repas.
Une petite lumière sortait du plafond et illuminait juste le plateau. Celui-ci était constitué de divers fruits, pommes, poires, fraises. Un fromage à pâte molle et deux tranches de pain. Le tout accompagné d’un grand verre d’eau. Il dégusta tout avec plaisir, constant qu’il n’avait jamais rien mangé d’aussi bon de sa vie. Les fruits étaient loin d’être comme les fruits radioactifs qu’il connaissait. Ils étaient sucrés et juteux. Il termina avec le fromage qu’il posa sur le pain et qu’il dégusta. C’était la première fois qu’il mangeait du fromage. C’était devenu un produit rare, hors de prix.
Il termina son repas avec le verre d’eau. Même l’eau était bonne, comparée à celle qu’il avait bu toute sa vie. Après l’avoir reposé, il retourna s’asseoir sur le lit. La lumière au-dessus du plateau s’éteignit. Il supposa qu’il était l’heure de dormir. Il se sentit soudainement extrêmement fatigué. Il s’allongea et s’endormit rapidement.
Le bateau. Le bateau de Zhen. En bois. Le bois qui s’aplatit et qui explose sans raison apparente. Les cris. Jimmy. Sa tête. Les balles. Les hurlements. Des membres broyés. Des bras, des jambes. Des têtes. Coincés et broyés entre deux poutres de bois. Écrasés jusqu’à faire exploser les chairs. De l’eau. Partout. Pas moyen de s’en sortir. Le bateau coule. Ceux qui ont eu la chance d’être sur le pont et de ne pas être broyés sont aspirés par le bateau qui s’enfonce rapidement dans l’eau. Le reste de l’épave se pose sur un lit de sable au fond de l’océan. Du sable. Sec, à présent. Des pieds nus qui courent dessus. La fille en maillot de bain. La blonde, aux hanches oscillantes. Maintenant nue. Elle le chevauche, en amazone. Ses seins sautillent au rythme de son bassin. Il sent une vague de chaleur envahir son bas ventre. Il jouit. Les cris. Les hurlements. Les gens restés coincés dans le bateau. L’eau qui monte. Jusqu’à leur bouche. Jusqu’à leur nez. L’eau salée qui envahit leurs narines, leur gorge. Leurs poumons.
Paul se réveilla d’un bond, en sueur. Il était en nage. Il s’assit au bord du lit et se prit la tête dans les mains. Au loin, sur l’océan, le soleil commençait à poindre.
Il sentit une chaleur à l’extrémité de la verge, alors il écarta son pantalon pour regarder. Rien. Pas de trace de pollution nocturne. Il y avait pourtant cru, vu le plaisir ressenti durant son rêve. Il en eut honte un instant. Prendre du plaisir dans un rêve où des gens mourraient lui paraissait ignoble.
Il se leva et découvrit qu’une ouverture était apparue à gauche de la commode, ou plutôt s’était découpée dans le mur. Il s’en approcha et découvrit derrière une pièce toute blanche, avec une douche et un petit meuble où étaient posés des vêtements identiques à ceux qu’il portait déjà, mais propres. Juste à côté, deux serviettes éponges trônaient fièrement. Au sol, une sorte de paire de chaussures en tissu moches.
Le message paraissait clair. Et il ne dirait pas non, car avec la nuit qu’il avait passé, il se sentait particulièrement sale et poisseux.
Il se déshabilla, jetant nonchalamment ses habits au sol, entra dans la cabine de douche où il découvrit une bouteille de gel douche. Il tourna les robinets et une eau tempérée commença à ruisseler sur son corps. Il utilisa le gel douche puis se rinça.
Il sortit de la cabine, saisit une serviette et commença à s’éponger. Quand il commença à s’essuyer les pieds, il se rendit compte que ses vêtements sales avaient disparus.
“ Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous êtes sacrément rapide ”, lança-t-il dans le vide.
Il fini de se sécher et enfila les vêtements propres. Il retourna alors dans la pièce principale, quand quelque chose attira son regard à travers la vitre, sur la plage. Il s’approcha. Il y avait des gens. Ou plutôt des femmes. De tout âges, mais principalement jeunes. La plupart en maillot de bain. Elles étaient alignées en huit lignes d’une vingtaine de personnes et faisaient toutes les mêmes gestes. Elles faisaient du sport. Une sorte de stretching.
“ C’est une blague ”, lança Paul pour lui même.
Un bruit de glissement rapide se fit alors entendre derrière lui. Il se retourna en sursaut et vit qu’une ouverture était apparue à droite de la commode. De la taille d’une porte, elle donnait sur un long couloir blanc lumineux.
Il inspecta tout d’abord l’ouverture sans pour autant comprendre le principe. Il avait l’impression que le pan de mur s’était évanoui purement et simplement. Il se mit à avancer lentement dans le couloir.
Les murs, le plafond et le sol étaient de la même couleur blanche étincelante, comme s’ils émettaient eux même de la lumière.
Paul passa la main droite sur le mur et constata qu’il était parfaitement lisse. Il continua d’avancer. Un bruit sec résonna soudain derrière lui. L’entrée par laquelle il était arrivé avait disparue. Le couloir dans lequel il était semblait désormais infini, devant et derrière lui.
Il rebroussa chemin, mais ne retrouva pas la porte.
Sa respiration se fit soudain plus rapide. Il hoqueta. Il était au bord de la crise d’angoisse. Il se mit à courir. Encore. Encore. Le couloir semblait sans fin. Il courut à en perdre haleine puis s’arrêta net. Il posa ses mains sur les genoux pour reprendre sa respiration. Quand son souffle fut revenu, il se redressa.
“ Au secours, hurla-t-il. A l’aide ! ”
Il cria encore et encore. Puis un bruit sec se fit entendre. Derrière lui. Il se retourna sèchement et se retrouva tête à tête avec une femme. Il s’arrêta net, comme figé. La femme était blonde. Jeune, grande, élancée. Il aurait juré que c’était la femme qu’il avait vu courir la veille sur la plage. Celle dont il avait rêvé la nuit dernière. A la différence près qu’elle n’était pas en maillot de bain mais dans une espèce de survêtement en tissu fin.
Il voulu parler, mais n’y arrivais pas. Il venait juste de se perdre dans le bleu de ses yeux.
“ Bonjour ”, fini-t-elle par lancer.
Pas de réponse de Paul.
Blonde. Yeux. Bleus. Perdu.
“ Ola ? Gutten tag ? Hello ? Priviet ?
-Pardon, répondit Paul, sortant subitement de son nuage.
-Je savais bien que tu parlais français ! Tu parles dans ton sommeil. Jimmy, c’est bien cela ? ”
Il se renferma, pensant soudainement à ce pauvre Jimmy.
“ Paul. Moi c’est Paul.
-Oh, désolée. Enchantée Paul. Moi c’est Sakine.
-Euh… Enchanté également. Je… je suis où ?
-Canary Bay.
-Euh d’accord. Mais c’est où exactement? Je suis revenu près de New Bangkok ? ”
Elle sourit.
“ Pas exactement, non. Même si au final on en est pas très éloigné, nous sommes quand même loin en mer.
-Loin en mer ? On est où ? Sur une île ?
-Oui, je te l’ai dit, Paul. A Canary Bay. Tu n’écoutes pas ?”
Elle le fixa. Le regard bovin de Paul indiquait bien qu’il était complètement largué.
“ Suis-moi, Paul de New Bangkok. Toutes tes réponses trouverons leurs questions. ”
Elle se retourna et marcha le long du couloir. Il la suivit et mis plusieurs secondes à se rendre compte que la dernière phrase de Sakine n’était pas dans le bon sens.
“ Excusez-moi, dit-il. Sakine ? C’est bien ça ? Euh, vous voulez dire que toutes les questions trouveront des réponses ?
-Non c’est l’inverse, répondit-elle. Tu as des réponses. Tu ignores juste les questions.”
Il décida sur cette phrase d’arrêter de réfléchir car il commençait déjà à avoir mal à la tête.
Ils marchèrent quelques secondes et le couloir changea soudainement. D’un couloir blanc et lisse, ils étaient désormais et sans aucune transition dans une vaste pièce aux murs de bois. Assez sobre. Au fond, une large baie vitrée donnait sur la plage, un peu comme sa « chambre », mais en plus grand. Au milieu une vaste table ronde trônait, faite en un bois plus clair, qui tranchait avec le reste de la pièce. Une femme brune était de dos, devant la vitre, regardant dehors. Elle regardait les autres femmes, en bas, sur la plage, faire leurs exercices. Quand elle se retourna, Paul la regarda attentivement. Il voyait bien qu’elle était plus âgée que toutes les autres personnes vues jusqu’à présent. Bien plus âgée même, sans pour autant pouvoir lui donner un âge précis. L’impression lui était étrange.
“ Grande Prêtresse, dit Sakine. Je vous présente Paul de New Bangkok. ”
La prêtresse s’approcha et le dévisagea.
“ Bonjour Paul, lâcha-t-elle finalement.
-Bonjour madame, répondit-il timidement. ”
Elle continuait de l’examiner.
“ Il correspond vraiment, demanda la prêtresse à Sakine.
-Oui, Grande Prêtresse, répondit cette dernière. Bien plus que tout les autres prétendants. Bien plus que tous ceux que nous avons pu avoir. Depuis bien longtemps. ”
La Grande Prêtresse réfléchit avec une moue de la bouche.
“ Très bien. Traitez-le avec les égards qui lui sont dus alors. Et expliquez-lui.
-Oui, Grande Prêtresse ”, répondit Sakine.
Cette dernière se retourna vers Paul.
“ Suis-moi, Paul de New Bangkok. ”
Elle se mit en route vers un autre couloir qui venait d’apparaître dans le mur opposé d’où ils arrivaient, et Paul lui emboîta le pas.
“ Euh, au revoir, Grande Prêtresse ”, lâcha-t-il en partant.
La pièce disparut derrière lui comme elle était apparue, sans bruit ni fioritures. Derrière lui, il n’y avait plus que le long couloir blanc, semblant s’étendre à l’infini.
“ Excusez-moi, osa-t-il. Mais comment vous faites le truc avec le couloir ? J’avoue que je n’y comprends pas grand chose… Comment vous pouvez vous y retrouver ?
Sakine s’arrêta, se retourna pour le regarder et sourit.
-Vous voyez, les questions commencent à arriver. ”
Sur quoi elle repartit d’un pas rapide. Il resta planté quelques instants puis pressa le pas pour la rattraper.
“ Mais je n’ai pas la réponse !
-Des questions, des réponses, pourquoi êtes vous si binaire ?
-Euh, je ne sais pas… J’avoue que je ne comprends pas tout à ce que vous me racontez en fait… ”
Le couloir disparut de nouveau. Ils étaient sur la plage. Paul n’avait jamais eu la sensation de descendre. Pourtant, trente secondes plus tôt il était persuadé d’être cinquante mètres plus haut.
“ Ah oui, j’ai compris, lança-t-il. C’est pas des baies vitrées, c’est des écrans géants. Vous avez failli m’avoir avec votre tour de passe-passe. ”
Sakine ne s’arrêta même pas.
“ Regardez en haut. ”
Paul s’arrêta, se retourna et leva la tête. Ce n’était pas une falaise, mais une pyramide immense. Une cinquantaine de mètres au-dessus de sa tête, dans le flanc de la pyramide, apparaissaient plusieurs grandes vitres renvoyant l’image de la mer. Quelques dizaines de mètres encore au-dessus, une avancée de pierre était visible, entièrement cerclée de verre. Une sorte de vigie, se dit Paul. Son regard redescendit vers l’endroit où ils étaient ressortis de la falaise. Il ne fût même pas étonné de s’apercevoir que le passage qu’ils avaient emprunté n’était plus du tout visible. Il décida de braver Sakine, et d’arrêter de se poser des questions.
Cette dernière continuait d’avancer sur la plage, longeant la forêt, les pieds dans les vaguelettes qui finissaient de s’échouer sur le sable fin. Au bout de quelques dizaines de mètres, elle s’arrêta, et fit face à la forêt.
“ Que vois-tu, Paul de New Bangkok ”, dit Sakine.
Il regarda les arbres, et tenta de déceler quelque chose à travers, mais la forêt était bien trop touffue.
“ Une forêt ? Elle recouvre toute l’île?
-Règle numéro une sur Canary Bay: ne jamais se fier aux apparences. ”
Elle se baissa en pliant les genoux, ramassa une pierre, et la lança avec une force inouïe vers la forêt.
Au lieu de faire vibrer quelques feuilles, le caillou rebondit contre une sorte de mur invisible qui rappela à Paul la rencontre fracassante du bateau de Zhen avec le mur de ceinture de l’île.
Puis les arbres disparurent, cachés par des remparts qui apparurent devant, et qui semblaient encercler l’île.. Paul ne pouvait quitter des yeux cette apparition impressionnante.
“ Des remparts, demanda Paul.
-Ils font le tour de l’île, répondit Sakine.
-Le mur invisible ne suffit pas à vous protéger ? ”
Sakine tourna la tête pour le regarder.
“ Deux précautions valent mieux qu’une. L’île est trop précieuse pour être trouvée ou pillée. Même si nous avons l’entraînement et les moyens de nous défendre.
-Trop précieuse ? Qu’y a-t-il de si précieux sur cette île?
-Je vais vous montrer. ”
Sakine avança vers la muraille, qui, sans plus étonner Paul, ouvrit un passage dès qu’ils arrivèrent à proximité. Il y entrèrent, marchèrent dix mètres dans un long couloir blanc identique à celui qu’ils avaient quittés quelques minutes auparavant et ressortirent. Ils étaient sur une plateforme, en haut de la muraille. Sur sa gauche, Paul voyait la pyramide qu’ils avaient quittés, avec la mer infinie en fond. Sur sa droite, l’île se dévoilait dans toute sa splendeur. Ce n’était pas un vulgaire cailloux. Vu d’ici, Paul n’en voyait pas les limites. Et surtout, la forêt ne recouvrait pas toute l’île. Une statue lui sauta aux yeux.. A vue de nez elle devait faire dans les cinq cents mètres de haut, estima-t-il. Elle représentait une femme, nue, dans une sorte de posture de combat. Au pieds de la statue, une vaste ville, avec des grattes-ciel. Une ville magnifique.
“ Le trésor de cette île, lâcha Sakine avec de la tristesse dans la voix. C’est nous. ”
Ils descendirent vers la ville et arrivèrent au pied de la statue. Ils n’avaient encore croisé personne. Autour d’eux, des rues, avec des espèces de véhicules ressemblant vaguement à des voitures, des maison, des tours, des immeubles, tous fait d’une matière qui ne ressemblait ni au bois ni au béton. Une matière verte, comme si tout était fait par la nature. Seule la statue était de pierre.
“ C’est une bien grande ville pour peu de personnes, dit Paul.
-Elles sont cachés depuis ton arrivée. ”
Paul s’étonna.
“ Elles ? Il n’y a que des femmes sur cette île ?
-Oui. A part toi, bien entendu.
-Mais pourquoi se cachent-elles ? Elles ont peur de moi?
-Non pas de toi, mais de l’antihomme. Une vieille prophétie dit que quand l’homme pur viendra, l’antihomme le suivra. Et soit l’homme pur nous aidera à vaincre l’antihomme, soit ce sera la fin de notre civilisation. ”
Paul s’arrêta un instant.
“ Vous ne pensez tout de même pas que je suis votre homme pur, dit-il en souriant.
-Cela peut être difficile à croire, mais tu corresponds en tous points à la description de la prophétie.
-Et je peux connaître cette description ?
-Pas maintenant, ce serait long et compliqué. C’est une histoire de génome et de génétique en général.
-Et je peux savoir comment vous savez que je suis génétiquement votre homme pur ?
-Bien sûr. Nous avons fait un décodage de ton ADN. Tout simplement.
-Et comment vous avez eu mon ADN ? ”
Sakine lui sourit. Son cerveau se mit à bouillir.
“ Le rêve, reprit-il. Le rêve que j’ai fait cette nuit. C’était toi dans mon rêve… Tu m’as…
-Je n’ai rien fait du tout. On a juste récupéré ce qui est sorti…
-Mais tu n’as pas le droit ! C’est à moi !
-Comme si tu allais t’en servir. En plus on ne t’avais pas laissé de mouchoirs tu aurais été embêté avec, tu n’aurais pas su quoi en faire.
-Non mais sérieusement, vous allez en faire quoi d’autre ?
-Nous en avons besoin. Et nous en récolterons encore. Il en faut plus. Mais pas pour l’instant. Il faut battre l’antihomme.
-Mais c’est qui pour en finir cet antihomme, s’énerva Paul.
-On ne sait pas encore. Mais il ne devrait pas tarder à arriver. Et tu va nous aider à le battre. Sinon nous disparaîtront toutes.
-Mais je ne peux pas combattre seul quelqu’un si je ne sais même pas qui il est ! Et puis je n’ai jamais dit que je vous aiderai !
-Qui t’a dit que tu serai seul? Tu as déjà vu notre armée. »
Paul réfléchit.
“ Le groupe qui faisait du stretching sur la plage ? Une armée en maillot de bain?
-Jadis nous combattions nues, mais maintenant on s’habille un minimum, oui.
-Écoute, Sakine. Je ne comprends rien. Je ne comprends pas où je suis. Je ne comprends pas ce qui ce passe. Je ne comprends pas qui vous êtes. Je ne comprends pas pourquoi je suis là, ni à quoi je peux vous être utile. ”
Sakine s’arrêta et le regarda.
“ Tu est a Canary Bay. Jadis on nous appelait les sirènes. Nous faisions venir les hommes à nous pour recueillir leur semence et nous inséminer. Nous trions la semence, nous l’enrichissons et nous nous inséminons. Pour faire uniquement des femmes.
-Mais pourquoi faites-vous ça ? ”
Sakine prit un air grave.
“ Nous sommes de dernier recours de l’humanité en cas d’Apocalypse. Nous protégeons toute la vie humaine. Nous avons toutes les technologies et le savoir faire pour repeupler la Terre en cas de besoin. ”
Paul était abasourdi.
“ Mais si vous êtes les sirènes, vous… vous êtes des meurtrières !
-Mais non Paul, ce sont des légendes ça… nous n’avons jamais tué personne. Après avoir récupéré ce que nous avons besoin nous laissons repartir les marins.
-Ce n’est pas ce que disent les légendes. ”
Elle le regarda fixement.
“ Est-ce que j’ai une queue de poisson ? ”
Il fut bien obligé d’admettre qu’elle avait marqué un point.
“ Vous avez dû faire quelque chose après la guerre du Millénaire ?
-Non, il restait suffisamment de monde sur Terre pour redémarrer une Humanité sans notre aide. Nous avons suivi votre guerre contre les machines de loin, sans pouvoir hélas intervenir d’une quelconque manière. Même si nous y avons payé aussi notre tribut.
-Comment survivez-vous?
-Avec la semence des marins perdus. Nous faisons des enfants. Enfin, des filles uniquement. Pour assurer notre propre avenir.
-Et en cas d’apocalypse ?
-Nous avons un réserve de semence pour faire des garçons et des filles, toutes ethnies confondues.
-Et moi dans tout ça ?
-Toi tu es particulier. Nous devons te garder jusqu’à l’avènement de la prophétie. Ou jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’on s’était trompées et que tu n’est pas l’homme pur.
-Donc je suis votre prisonnier ?
-Non. Tu est libre de circuler sur toute l’île. Seule la pointe nord est interdite, mais elle est interdite à tout le monde. C’est la que la plupart des bateaux échouent après que nous ayons récupérés les marins. La zone est dangereuse. Mais ne t’inquiètes pas, elle est clairement indiquée et délimitée. Tu ne risques pas d’y entrer par accident. Mais mieux vaut rester par ici de toute façon.
-Et… ça va durer combien de temps ?
-Cela dépend de l’antihomme… S’il ne vient pas, quelques mois je suppose.
-Oh, super. Me voilà coincé sur une île perdue avec que des femmes pour des mois entiers. ”
Il s’arrêta net.
“ Minute, reprit-il. Il n’y a que des femmes ?
-Oui. Tu es le seul homme.
-Et.. vous êtes combien ?
-Pas loin de quinze mille. ”
Paul affichait un large sourire. Des tas d’idées lubriques lui surgirent à l’esprit. Un homme reste un homme.
“ N’y pense même pas, lâcha Sakine. Insémination artificielle uniquement ! ”
Le large sourire s’effaça.
“ Mais tu rêvera encore de moi, ou d’une autre. ” -
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La Princesse et la Rose : Chapitre II
Le lendemain, le royaume s’apprêtait à fêter les dix huit ans de la Princesse Lisamélie. Le château avait été décoré de rubans et de banderoles.
Des invités arrivaient du monde entier.
Dans la grande salle de réception du château, Maximilien le jardinier finissait de fleurir le moindre recoin. La Princesse adorait les fleurs, aussi le Roi souhaitait que le plus grand nombre de fleur soit représenté. Alors qu’il mettait la touche finale à son œuvre, la grande porte s’ouvrit et un grand homme grisonnant entra. C’était Valik le gris, le magicien royal.
-Bonjour Maximilien, dit-il. Comment allons nous aujourd’hui ?
-Bonjour Valik. Je vais bien merci. Je viens de finir la décoration. J’espère que cela plaira à la Princesse. Votre long périple s’est-il bien passé ?
-Oui, mais j’arrête les voyages désormais. Tout ceci n’est plus de mon âge.
-Et que venez-vous faire, mon vieil ami ? Vous ne venez pas enchanter ma décoration j’espère ? La Princesse n’ a plus l’âge pour les nappes dansantes !
-Non, fini la magie pour enfants… Je vais jeter un sortilège de protection sur la pièce, afin d’éviter tout problème pendant la fête.
-Vous pouvez ensorceler une pièce complète ? Vous m’étonnerez toujours. Votre art est vraiment particulier.
-Les sors de protection sont monnaie courante en magie. C’est juste la taille du sort qui varie. Aujourd’hui c’est une vaste pièce que je dois protéger. Mais j’ai déjà fait bien pire.
-Je vous laisse faire alors, répondit Maximilien. Je ne voudrais pas interférer avec votre magie… et vous savez que ça me fait un peu peur ces trucs là !
Il se dirigea vers la grande pièce alors que Valik levait les mains au ciel en fermant les yeux.
-Par tous les Dieux, par tous les Saints, par tous les Démons, passés, présents et futurs, par toutes les magies et les sorcelleries, j’use de tous mes pouvoirs pour protéger cette pièce de toute tentative de malversations et de fourberies…
Maximilien quitta la pièce et n’entendit pas la fin du charme.
La grande salle de réception était pleine de monde. Des princes, Princesse, Rois et Reine du monde entier étaient là. Un peu isolé au bord de la salle, Maximilien regardait tout le beau monde se pavaner.
Un peu partout, d’immenses plateaux étaient posés sur des tables encore plus grandes. La nourriture et les boissons de toutes sortes étaient présents en abondance.
Sur une estrade, au fond de la salle, le Roi, la Reine et la Princesse était debout.
-Merci à vous tous, déclara le Roi. Merci d’être venus si nombreux pour fêter les dix-huit ans de ma fille, Lisamélie. C’est un plaisir que de tous vous revoir. Certains vieux amis sont là, certains anciens ennemis aussi, et c’est un honneur que vous nous faites de venir ainsi nous voir en cette occasion particulière. Il y a aujourd’hui dix huit ans, continua le Roi, naissait ma petite Lisamélie, petit bébé mais avec une voix puissante, si vous voyais ce que je veux dire! La vie de mon épouse et la mienne en furent profondément chamboulées, mais jamais nous n’avons regrettés. Nous avions reçu de nombreux témoignages de sympathie, et de nombreux cadeaux. Le plus beau fut sans doute l’accord de paix signé avec le Roi Éric d’Affiglâle. La naissance de ma fille mettait fin à une guerre de plus de deux cents ans dont nous avions tous oubliés les origines. Encore merci au Roi Éric pour l’intelligence dont il a fait preuve dans sa manière de diriger son royaume et pour ce traité de paix.
Le Roi Éric, présent dans la salle, leva la main et cria:
-Arrête avec tes histoires de vieux, place aux jeunes !
Le roi sourit.
Isolé dans son coin, Maximilien observait tout le monde quand son regard tomba sur Soren, le jeune fils du roi Éric. La manière dont Soren regardait Lisamélie en disait long. Du haut de ses vingt ans, il était sous le charme de la belle princesse.
-Tu as raison Éric, continua le Roi. Comme un signe du destin, notre fille a toujours été un symbole de paix. Un être angélique que rien ne semble énerver. C’est pourquoi nous vous annonçons aujourd’hui que nous comptons prendre notre retraite. Quand nous aurons inauguré le nouveau centre pour les orphelins, dans deux mois, nous organiserons la cérémonie de couronnement de notre fille. Puisse-t-elle régner sur un royaume en paix. Je ne vous embêterais pas plus longtemps, aussi je vous invite à entamer les buffets !
Les gens dans la salle applaudirent puis se dirigèrent vers les tables contenant nourriture et boissons. Le Roi, la Reine et la Princesse descendirent de l’estrade et se dirigèrent également vers les buffets, avec la plus grande difficulté. En effet, ils étaient arrêtés régulièrement pour serrer des mains ou recevoir des félicitations.
La reine s’arrêta pour parler à des amis, alors que le Roi et la Princesse continuèrent leur progression. Quand ils arrivèrent enfin à une des tables, le roi proposa un verre de champagne à sa fille.
-Non merci, papa. Tu sais que je ne bois pas d’alcool.
-Tu n’avais pas le droit d’en boire. Maintenant tu peux !
-J’ai déjà goûté… Je n’aime pas. Je vais plutôt me chercher un jus de fruits.
-Même là tu est raisonnable ma fille. Comme je t’admire.
Il porta la coupe de champagne à la bouche, en bu une gorgée, et tomba au sol, inanimé.
-Papa, hurla Lisamélie.
Les gens autour de lui s’écartèrent. En quelques secondes, Valik le magicien était à ses côtés, et l’examina prestement.
-Il respire, cria-t-il. -
Comme il est dur de voir pleurer quelqu’un qu’on aime
Comme il est facile de voir les nuages dans le ciel,
Comme il est beau de voir ses enfants déployer leurs ailes,
Comme il est triste de voir ces discours de haine,
Comme il est dur de voir pleurer quelqu’un qu’on aime.La vie est faite de joies, et souvent de peines,
Elle nous attend toujours au tournant avec son lot de surprises,
Ces choses auxquelles on ne survit qu’en lâchant prise,
Mais comme il est dur de voir pleurer quelqu’un qu’on aime.Un soir heureux, l’autre anéanti,
Un jour on pleure un autre on rit.
Il n’est jamais aisé de partager ses peines
Comme il est dur de voir pleurer quelqu’un qu’on aime.Je voudrais toutes les protéger,
Leur dire tout l’amour que j’ai à leur donner,
Chasser de leurs têtes toutes ces sorcières de Salem,
Mais comme il est dur de voir pleurer quelqu’un qu’on aime. -
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Stray : le film