La Princesse et La Rose

La Princesse et la Rose : Chapitre II

Le lendemain, le royaume s’apprêtait à fêter les dix huit ans de la Princesse Lisamélie. Le château avait été décoré de rubans et de banderoles.
Des invités arrivaient du monde entier. 
Dans la grande salle de réception du château, Maximilien le jardinier finissait de fleurir le moindre recoin. La Princesse adorait les fleurs, aussi le Roi souhaitait que le plus grand nombre de fleur soit représenté. Alors qu’il mettait la touche finale à son œuvre, la grande porte s’ouvrit et un grand homme grisonnant entra. C’était Valik le gris, le magicien royal.
-Bonjour Maximilien, dit-il. Comment allons nous aujourd’hui ?
-Bonjour Valik. Je vais bien merci. Je viens de finir la décoration. J’espère que cela plaira à la Princesse. Votre long périple s’est-il bien passé ?
-Oui, mais j’arrête les voyages désormais. Tout ceci n’est plus de mon âge.
-Et que venez-vous faire, mon vieil ami ? Vous ne venez pas enchanter ma décoration j’espère ? La Princesse n’ a plus l’âge pour les nappes dansantes !
-Non, fini la magie pour enfants… Je vais jeter un sortilège de protection sur la pièce, afin d’éviter tout problème pendant la fête.
-Vous pouvez ensorceler une pièce complète ? Vous m’étonnerez toujours. Votre art est vraiment particulier.
-Les sors de protection sont monnaie courante en magie. C’est juste la taille du sort qui varie. Aujourd’hui c’est une vaste pièce que je dois protéger. Mais j’ai déjà fait bien pire.
-Je vous laisse faire alors, répondit Maximilien. Je ne voudrais pas interférer avec votre magie… et vous savez que ça me fait un peu peur ces trucs là !
Il se dirigea vers la grande pièce alors que Valik levait les mains au ciel en fermant les yeux.
-Par tous les Dieux, par tous les Saints, par tous les Démons, passés, présents et futurs, par toutes les magies et les sorcelleries, j’use de tous mes pouvoirs pour protéger cette pièce de toute tentative de malversations et de fourberies…
Maximilien quitta la pièce et n’entendit pas la fin du charme.
La grande salle de réception était pleine de monde. Des princes, Princesse, Rois et Reine du monde entier étaient là. Un peu isolé au bord de la salle, Maximilien regardait tout le beau monde se pavaner.
Un peu partout, d’immenses plateaux étaient posés sur des tables encore plus grandes. La nourriture et les boissons de toutes sortes étaient présents en abondance.
Sur une estrade, au fond de la salle, le Roi, la Reine et la Princesse était debout.
-Merci à vous tous, déclara le Roi. Merci d’être venus si nombreux pour fêter les dix-huit ans de ma fille, Lisamélie. C’est un plaisir que de tous vous revoir. Certains vieux amis sont là, certains anciens ennemis aussi, et c’est un honneur que vous nous faites de venir ainsi nous voir en cette occasion particulière. Il y a aujourd’hui dix huit ans, continua le Roi, naissait ma petite Lisamélie, petit bébé mais avec une voix puissante, si vous voyais ce que je veux dire! La vie de mon épouse et la mienne en furent profondément chamboulées, mais jamais nous n’avons regrettés. Nous avions reçu de nombreux témoignages de sympathie, et de nombreux cadeaux. Le plus beau fut sans doute l’accord de paix signé avec le Roi Éric d’Affiglâle. La naissance de ma fille mettait fin à une guerre de plus de deux cents ans dont nous avions tous oubliés les origines. Encore merci au Roi Éric pour l’intelligence dont il a fait preuve dans sa manière de diriger son royaume et pour ce traité de paix.
Le Roi Éric, présent dans la salle, leva la main et cria:
-Arrête avec tes histoires de vieux, place aux jeunes !
Le roi sourit.
Isolé dans son coin, Maximilien observait tout le monde quand son regard tomba sur Soren, le jeune fils du roi Éric. La manière dont Soren regardait Lisamélie en disait long. Du haut de ses vingt ans, il était sous le charme de la belle princesse.
-Tu as raison Éric, continua le Roi. Comme un signe du destin, notre fille a toujours été un symbole de paix. Un être angélique que rien ne semble énerver. C’est pourquoi nous vous annonçons aujourd’hui que nous comptons prendre notre retraite. Quand nous aurons inauguré le nouveau centre pour les orphelins, dans deux mois, nous organiserons la cérémonie de couronnement de notre fille. Puisse-t-elle régner sur un royaume en paix. Je ne vous embêterais pas plus longtemps, aussi je vous invite à entamer les buffets !
Les gens dans la salle applaudirent puis se dirigèrent vers les tables contenant nourriture et boissons. Le Roi, la Reine et la Princesse descendirent de l’estrade et se dirigèrent également vers les buffets, avec la plus grande difficulté. En effet, ils étaient arrêtés régulièrement pour serrer des mains ou recevoir des félicitations.
La reine s’arrêta pour parler à des amis, alors que le Roi et la Princesse continuèrent leur progression. Quand ils arrivèrent enfin à une des tables, le roi proposa un verre de champagne à sa fille.
-Non merci, papa. Tu sais que je ne bois pas d’alcool.
-Tu n’avais pas le droit d’en boire. Maintenant tu peux !
-J’ai déjà goûté… Je n’aime pas. Je vais plutôt me chercher un jus de fruits.
-Même là tu est raisonnable ma fille. Comme je t’admire.
Il porta la coupe de champagne à la bouche, en bu une gorgée, et tomba au sol, inanimé.
-Papa, hurla Lisamélie.
Les gens autour de lui s’écartèrent. En quelques secondes, Valik le magicien était à ses côtés, et l’examina prestement.
-Il respire, cria-t-il.

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